Réhabilitation forestière : Enjeux et perspectives pour le Burundi

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Guizol

Le 28 janvier 2025, l’Institut Français du Burundi (IFB) a accueilli une conférence-débat portant sur le thème « Réhabilitation forestière : Enjeux et perspectives pour le Burundi », organisée par l’Association des Journalistes Environnementalistes du Burundi (AJEB), en collaboration avec la 3C ) Conservation et Communaute de Changement , l’Office Burundais pour la Protection de l’Environnement (OBPE) et l’Ambassade de France. Cette conférence a attiré un large public composé d’élèves des clubs environnementaux, de chercheurs, d’enseignants et d’acteurs des institutions publiques et privées, tous réunis pour discuter des défis et des solutions concernant la réhabilitation des écosystèmes forestiers du Burundi.

L’événement a été ouvert par un exposé de Philippe Guizol, expert en environnement au sein du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), qui a présenté le contexte de la réhabilitation des paysages forestiers au Burundi. Selon lui, la restauration des paysages ne se limite pas à la plantation d’arbres, mais consiste en un processus complexe et à long terme visant à limiter la dégradation des écosystèmes et à améliorer durablement les conditions de vie des populations, tout en préservant la biodiversité. Il a souligné que la réduction de la dégradation des paysages nécessite également des changements dans la gouvernance et la gestion des ressources naturelles.

Un pays à haut potentiel, mais aux ressources menacées

Le Burundi, un petit pays densément peuplé, possède une biodiversité unique mais menacée. Le défi principal, selon Guizol, est de réussir à concilier la gestion des ressources naturelles avec les besoins croissants en terre et en bois, tout en assurant la sécurité alimentaire. Il a rappelé les réalisations importantes des années 1970, comme la mise en place de programmes de reboisement dans des régions telles que Gakara, Vyanda et Rugazi, qui ont permis de développer des plantations forestières et d’effectuer des suivis à long terme. Cependant, ces efforts ont été interrompus brutalement en 1993, mettant fin à la gestion durable des plantations, à l’entretien des espaces forestiers, et au suivi scientifique des projets.

Les défis de la réhabilitation forestière au Burundi

Les défis de la réhabilitation forestière sont nombreux, notamment en raison de la dépendance du pays à l’aide extérieure pour le financement de ces projets. Dr. Cleto Ndikumagenge, expert forestier, a souligné que le taux de couverture forestière du Burundi est inférieur à 10%, ce qui le place loin derrière d’autres pays de la COMIFAC. Cette faible couverture forestière entraîne une compétition pour les ressources et un manque de fonds alloués aux projets de conservation.

Les préoccupations du public étaient également visibles lors des échanges. Perpétue Miganda, une participante de Mwaro, a exprimé son incompréhension quant à la disparition progressive de certaines espèces végétales naturelles, utilisées pour soutenir les enclos traditionnels, qui ne sont pourtant pas protégées. André Nduwimana, professeur à l’Université du Burundi, a quant à lui suggéré qu’il serait nécessaire d’évaluer l’impact environnemental des eucalyptus plantés et de mener des études pour vérifier si ces espèces sont adaptées à leurs sites de plantation.

Une approche collaborative pour la réhabilitation

Malgré ces défis, des pistes d’optimisation ont été proposées. Philippe Guizol a recommandé que le Burundi exploite les recherches et les connaissances accumulées par l’ISABU (Institut des Sciences Agronomiques du Burundi) et le département des Forêts/OBPE. Il a également évoqué l’importance de renforcer les collaborations avec des équipes de recherche nationales et internationales, en particulier dans le cadre des projets de conservation. Parmi les concepts innovants qu’il a suggérés figurent les AMCEZ (Autres Mesures de Conservation Efficaces par Zones), des approches adaptées au contexte local qui pourraient contribuer à la réhabilitation des forêts burundaises.

En conclusion, Guizol a insisté sur la nécessité de réformer les processus décisionnels en matière de gestion des ressources naturelles. Il a plaidé pour une approche participative, impliquant les communautés locales dans la co-construction des projets de réhabilitation, afin de garantir leur succès à long terme.

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