Burundi: une communauté des batwa fait partie de la solution en conservation à Bururi (Sud du pays)


Considérée comme destructrice de la réserve naturelle de Bururi (Sud du Burundi), une communauté des batwa (peuple autochtone) qui vit toujours tout autour de cette forêt est actuellement devenu une pierre angulaire dans la conservation. Des problèmes étaient multiples. Avec l’appui de l’OBPE (Office Burundaise pour la Protection de l’environnement) dans un programme de la Banque Mondiale, une solution s’est imposée. Une vingtaine de familles des peuples autochtones s’est acheté un lopin de terrain dans lequel elle a construit un village. Ils sont sous l’accompagnement de Léonidas Nzigiyimpa. Actuel représentant Légal de la 3 C (Conservation et communauté de Changement) cet environnementaliste privilégie l’implication des communautés pour réussir le pari de la conservation. Un témoignage qui inspire.

Centragri. Ainsi s’appelle un ancien « Centre d’Agriculture ». Il est situé sur la  Route Nationale Numéro 16 (Bururi-Rumonge), juste à la sortie du chef lieu de la province Bururi. Le centre se trouve en bas de la route. Etant là, on peut voir d’un côté le stade de Kabuye, de l’autre Côté Magufa, une chaine de montagnes sur laquelle se trouve la réserve naturelle de Bururi. Centre d’Agriculture, c’est sur la colline Mugozi. Un à un, des batwa (peule autochtone) s’y installent. « Nous sommes venus de part et d’autre du pays, et nous nous sommes retrouvés à vingt huit ménages », explique Christian, un parmi ces batwa.

Les parcelles ne leur appartenaient pas.  Pas d’activités génératrices de revenus. Pour avoir quoi mettre sous la dent, « ces personnes se lançaient dans la réserve naturelle de Bururi. Ils y coupaient le bois et y extrayaient des pierres et du gravier. Un conflit était permanent entre eux et les éco gardes », explique Léonidas Nzigiyimpa, alors conservateur en chef de cette réserve naturelle se trouvant au Sud du pays. C’est lui-même qui menant une réflexion pour pouvoir résoudre ce problème qui pesait sur la faune et la flore de cette forêt.
L’administration locale avait proposé un terrain à karimbi (même commune de Bururi), mais  rocheux, ces batwa le refusent.

Destructeurs devenus conservateurs
Le programme de la banque Mondiale a permis d’engager ces communautés batwa dans des activités d’entretien de cette forêt de Bururi. C’est notamment le traçage des sentiers pour les touristes et visiteurs.
« La rémunération était de quatre  milles francs  burundais par jour. On  s’était convenu que chacun recevra deux milles cinq cent, pour investir le reste : milles cinq cents  francs burundais. Après douze mois, ils se sont retrouvés avec dix neuf millions de francs burundais sur leur compte commun ouvert à la Banque.

Problèmes résolus
A part que ces batwa  menaçaient la réserve naturelle de Bururi, ils devraient aussi céder les parcelles du Centre d’Agriculture  dont les propriétaires réclamaient pour y construire des maisons. Echec au niveau de l’administration locale ; voilà une équation à trois ramification qui a été résolue sous l’égide de Nzigiyimpa.

Depuis février 2018, les vingt huit familles des peuples autochtones occupent leurs propres terres sur la sous colline honga de la colline Mugozi. C’est en commune et Province Bururi. Ils habitent dans leurs propres maisons couvertes de tôles. Cela étant le fruit de la sueur de leur front dans les travaux de la conservation de la réserve de Bururi, ces batwa en gardent jalousement. Ils y ont déjà fait une adduction d’eau potable, ce qui contribue au développement local. La réserve naturelle de Bururi est actuellement sécurisée, et les familles stables.

Chemin encore long
Les vingt huit familles installées sur la sous colline honga sont encadrées par une association locale, la 3 C (Conservation et Communauté de Changement). « Cette colline est menacée par du vent et l’érosion. Nous y avons planté des bambous pour protéger leurs maisons », explique  Léonidas  Nzigiyimpa, représentant légal de l’association.

D’autre part, les enfants de ces batwa abandonnent les écoles. Depuis quatre années scolaires, l’effectif des enfants encadrés par la 3 C est passé de soixante dix à quatre enfants. Ce qui est déplorable selon M. Nzigiyimpa.
Ce spécialiste dans conservation appelle aux chargés de l’éducation, aux autorités administratives locales de mener une forte sensibilisation pour que ces enfants poursuivent les études. Selon lui, « aucun développement n’est pas possible dans une famille, dans une commune, dans une province ou dans un pays,… si les gens n’ont pas fréquenté l’école ». Il promet que l’association accompagnera jusqu’au bout,  une fille membre de ladite communauté qui étudie actuellement en post fondamentale à Kiryama (même province de Bururi).
Pour lui, même la protection de l’environnement serait efficace si elle est pratiquée par des personnes instruites.

Ce 29 mai 2021, on a commencé à y multiplier le Mesopsis Emini communément appelé indunga, umuremvya ou encore umuhumure (langue nationale) pour parier à ce problème. Le gouverneur de la province Bururi s’est joint à la 3 c et à cette communauté des peuples batwa dans le même village issue de la protection de l’environnement.


Cette approche utilisée par la 3 C (conservation et communauté de changement) peut inspirer les activistes de la protection de l’environnement. C’est un des approches qui aboutit à de bons résultats.
Les communautés font « partie de la solution ». Si elles ne sont pas impliquées, tous les efforts fournis seront sans aucun effet.